Vendredi 8 décembre

La seconde semaine sera, comme d’habitude déterminante: après les signaux politiques d’introduction par les dirigeants, les négociateurs s’activent, surtout bien sûr autour de l’engagement rêvé de sortie – ou seulement de baisse – des émissions – abattues ou non – des combustibles fossiles. 

L’Arabie Saoudite a mis les pieds dans le plat en annonçant d’emblée son veto à toute engagement de ce type, qui exige l’unanimité des Parties.

Rebelotte ce matin lors de la pleiniere avec un discours mettant l’accent sur les décisions souveraines des États, l’importance des conséquences socio-économiques des décisions.

Triste réponse à l’exhortation du Président en ouverture de cette pleiniére à « changer de paradigme, rester ouverts, flexibles… ». Manifestement ce Président aimerait bien lui aussi, marquer l’Histoire – et c’est tant mieux.

Al Gore n’a pas mâché ses mots en répondant que cette position exorbitante montre qu’il faut vite sortir de l’unanimité au profit d’un modèle de super majorité. 

Nos émissions cumulées depuis la révolution industrielle induisent un forçage énergétique du niveau de 750.000 bombes d’Hiroshima explosant chaque jour dans notre petite atmosphère. C’est une roulette russe pour les générations futures avec 5 cartouches sur 6 dans le barillet… et il faut l’autorisation d’un état pétrolier! How dare you?

Une vraie surprise est donc qu’il va falloir amender le protocole de Rio fixant les règles de décisions lors des COP, ce qui est possible en faisant ratifier le bon amendement 6 mois avant la prochaine COP par 75% au moins des Parties!

Comme si les négociateurs avaient du temps à perdre… 

Jeudi 7 décembre.

Dubaï, capitale économique de l’état fédéral des Emirats Arabes Unis est une magnifique vitrine de la manne pétrolière et gazière : un tapis d’hotels de luxe, de centres commerciaux et de gratte-ciels, blotti entre le port (franc) et le désert…

Opportunément, les Emirats Arabes Unis ont pris leur indépendance du Royaume Uni en 1971, 3 ans avant le 1er choc pétrolier!…

Changement d’époque : en anticipation du pic pétrolier et de l’épuisement prévisible des réserves fossiles, la diversification est aujourd’hui en marche. La nouvelle dénomination de Singapour, Hong Kong ou Suisse du Moyen Orient est assez éloquente. 

Une fois atteinte – en métro – la limite de cette métropole en hyper croissance pour rejoindre le centre Expo 2020 qui héberge la COP 28, le bruit d’une affluence record rend difficile la perception et l’analyse des signaux. Voici néanmoins ce que nous pouvons en retenir en cette fin de 1ère semaine :

Le président Sultan Al Jaber aux commandes de la compagnie pétrolière nationale des EAU et 2456 représentants de l’industrie oil and gas présents à la COP? Gênant pour les uns, habile pour les autres afin de mieux embarquer ses collègues en les confrontant aux autres parties prenantes. Les résultats parleront. 

Les fruits à ce stade ?

  • L’annonce des Émirats Arabes Unis de dédier 30 milliards de US$ à la finance verte. Oui mais… seulement 5 MM$ seront exposés à un sérieux risque en capital, permettant de catalyser des projets en économies émergentes, aucun don et 25 MM$ seront confiés aux mandats verts d’asset managers dont Blackrock et Brookfield (dont le vice président est un certain Mark Carney). Finance verte certes mais pas caritative!..
  • Un engagement de 50 pétroliers représentant 40% de la production mondiale, emmenés par Exxon et Aramco, de supprimer à horizon 2030 les fuites de méthane issues de leurs puits et de stopper leur brûlage habituel de ce gaz (pour le transformer en CO2 moins puissant en effet de serre). Oui mais… sans autre engagement sur des plans de transition globaux !… Mais embarquer 29 compagnies pétrolières nationales n’est pas si mal…
  • Un nouveau Global Flaring and Methane Reduction Fund avec le même objectif, mais au bénéfice des compagnies pétrolières des pays en développement. Les bénéficiaires devront stopper le brûlage du méthane, supprimer les émissions fugitives d’ici 2030, les mesurer et les rapporter. 6 majors pétrolières vont abonder à hauteur de 10% chacune ce fond de 255m$ tenu par la Banque Mondiale. Certaines vont proposer des formations terrain de traitement de ces émissions fugitives à leurs homologues dans ce domaine. Les EAU y promettent 100m$!

La seconde semaine sera, comme d’habitude déterminante: après les signaux politiques d’introduction par les dirigeants, les négociateurs s’activent, surtout bien sûr autour de l’engagement rêvé de sortie – ou seulement de baisse – des émissions – abattues ou non – des combustibles fossiles. 

L’Arabie Saoudite a mis les pieds dans le plat en annonçant son veto à toute engagement de ce type, qui exige l’unanimité des Parties. Al Gore n’a pas mâché ses mots en répondant que cette position exorbitante montre qu’il faut vite sortir de l’unanimité au profit d’un modèle de super majorité. 

Nos émissions cumulées depuis la révolution industrielle induisent un forçage énergétique du niveau de 750.000 bombes d’Hiroshima explosant chaque jour dans notre petite atmosphère. C’est une roulette russe pour les générations futures avec 5 cartouches sur 6 dans le barillet… et il faut l’autorisation d’un état pétrolier! How dare you?

Une vraie surprise est donc qu’il va falloir amender le protocole de Rio fixant les règles de décisions lors des COP, ce qui est possible en faisant ratifier le bon amendement 6 mois avant la prochaine COP par 75% au moins des Parties!

Comme si les négociateurs avaient du temps à perdre…