Mark Carney est un nouveau venu en politique, mais il est, depuis une décennie, l’une des voix les plus influentes du monde financier sur les enjeux climatiques. Ancien gouverneur des banques centrales du Canada et du Royaume-Uni, président du Financial Stability Board, créateur de la TCFD, puis architecte de l’initiative GFANZ, il incarne le tournant dans la prise de conscience climatique des milieux économiques. Son accession au pouvoir politique au Canada crée une opportunité d’accélération pour ce pays vers le Net Zero.

Une trajectoire au croisement de la Finance et du Climat

Après des débuts chez Goldman Sachs, Mark Carney entame une carrière éclair dans les banques centrales. Nommé gouverneur de la Banque du Canada en 2008, il est salué pour sa gestion rapide et décisive de la crise financière. En 2013, il devient le premier non-Britannique à diriger la Banque d’Angleterre. Son mandat est marqué par la gestion du Brexit, la réforme des régulations post-crise, et l’intégration progressive des risques environnementaux dans la régulation financière.

Du Financial Stability Board à la TCFD : Éclairer banquiers et investisseurs sur les risques climatiques

En parallèle de ses fonctions à la Banque d’Angleterre, Mark Carney est nommé président du Financial Stability Board (FSB) en 2011, organe international chargé par le G7 de surveiller les vulnérabilités du système financier mondial.

C’est à ce titre qu’il fonde en 2015 la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), un tournant majeur. Cette initiative vise à obliger les entreprises à rendre compte de leur exposition aux risques climatiques, de manière standardisée et transparente. Les recommandations de la TCFD sont depuis devenues le socle des politiques de reporting ESG dans de nombreuses juridictions.

GFANZ : orchestrer l’alignement du secteur financier avec le Net Zéro

En 2021, en préparation de la COP26 de Glasgow, Mark Carney lance la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ). Ce regroupement de plus de 500 institutions financières – représentant plus de 150 000 milliards de dollars d’actifs – s’engage à aligner ses portefeuilles sur une trajectoire de neutralité carbone d’ici 2050.

GFANZ ne se contente pas de déclarations d’intention : elle structure l’action climatique en définissant des standards, des outils de mesure, des exigences de transparence, et des plans de transition crédibles. Carney insiste sur l’idée que « pour faire passer l’économie mondiale à zéro émission nette, il faut faire passer la finance à zéro émission nette. »

De la Finance Verte à la politique… de transition ?

Mark Carney a donc profondément changé le discours dominant dans la finance mondiale. Là où les risques climatiques étaient encore absents des bilans, il a imposé leur reconnaissance. Là où les trajectoires de décarbonation manquaient de cap, il a proposé des outils concrets. GFANZ et ses prises de position ont posé les fondations d’une finance alignée sur les objectifs de Paris.

En prenant la responsabilité des investissements durables chez Brookfield, Mark Carney est passé du statut de conseilleur à celui de payeur. Avec un retentissement échec sur une tentative de prise de contrôle de l’energéticien australien Origin Energy dont nous nous étions fait l’écho fin 2023, il a pu toucher du doigt les contraintes opérationnelles de la transition énergétique.

Son entrée en lice en politique au Canada est toute récente et sa victoire aux élections législatives de ce week end ouvre une nouvelle voie pour l’action climatique en Amérique du Nord qui détone évidemment avec les nouvelles idées de son voisin du Sud.

Lire dans le texte son programme climatique est sans doute la seule bonne façon de voir le Futur du Canada dans ce domaine:

Morceaux choisis:

« Construire une économie propre et lutter contre les changements climatiques

Les investissements faits aujourd’hui permettront :

  • de générer une nouvelle croissance économique à travers le pays,
  • et d’ouvrir de nouveaux marchés d’exportation avec des pays partageant nos valeurs.

Agir maintenant coûtera beaucoup moins cher que de subir les impacts climatiques futurs. Ces investissements sont donc nécessaires, responsables et urgents pour assurer la durabilité à long terme du Canada.

La transition durable doit s’appuyer sur des partenariats solides avec les peuples autochtones, qui doivent bénéficier pleinement des retombées économiques.

Des minéraux aux énergies renouvelables, en passant par le pétrole, le gaz, la foresterie durable et l’aquaculture, les travailleurs et les entreprises de ces secteurs sont l’épine dorsale de l’économie canadienne. Ils alimentent les industries, créent des emplois de qualité et stimulent l’innovation dans la construction, la fabrication et les technologies propres.

En développant de manière responsable nos richesses naturelles, ces secteurs assurent la prospérité d’aujourd’hui et construisent un avenir résilient et durable pour les générations futures.

Le Canada, superpuissance énergétique et champion de la sécurité énergétique

Il est temps de faire du Canada une superpuissance énergétique, qui allie nos ressources conventionnelles à notre potentiel quasi illimité en matière d’énergie propre et abordable. C’est cette énergie qui alimentera l’économie du futur – et elle sera l’ossature du pays que nous construirons ensemble.

Nous disposons :

Dans un contexte mondial d’incertitude – notamment avec la guerre commerciale américaine –, la stabilité du Canada rend le pays plus attractif que jamais pour les investissements verts.

Un gouvernement Carney s’engage à :

1. Lancer la chaîne d’approvisionnement en énergie propre

  • Investir dans les minéraux critiques, de l’exploration à la transformation.
  • Créer un Fonds “Premier et dernier kilomètre” (FLMF) pour connecter les projets miniers aux chaînes de valeur et soutenir les infrastructures nécessaires.

2. Attirer et sécuriser les investissements

  • Permettre l’utilisation des dépenses d’exploration canadiennes pour des études techniques (ingénierie, faisabilité).
  • Adapter le crédit d’impôt à la fabrication de technologies propres pour inclure les dépenses liées à l’ouverture de mines sur des sites existants, et élargir la liste des minéraux prioritaires.

3. Financer des projets d’intérêt national

  • Utiliser le Fonds de croissance du Canada pour accélérer l’investissement privé dans les projets de minéraux critiques.
  • Garantir un bon rendement pour les contribuables et renforcer l’attractivité du Canada auprès des investisseurs.

4. Développer l’infrastructure des véhicules électriques (VE)

5. Renforcer notre autonomie énergétique

  • Protéger la souveraineté énergétique et électrique du pays.
  • Mettre en œuvre les six crédits d’impôt majeurs pour la transition :

6. Être leader du captage et stockage du carbone

7. Accélérer les grands projets

Stimuler l’investissement privé dans l’économie verte

Le plan Carney, grâce aux crédits d’impôt pour l’économie propre, devrait générer 200 milliards $ d’investissement privé sur 5 ans.

Des investissements verts, de la croissance et des emplois

Nous devons libérer le capital vert et ouvrir une nouvelle ère de prospérité. Pour cela, il faut donner au marché la certitude et la clarté dont il a besoin. Cela déclenchera une nouvelle croissance, créera des emplois et construira une économie propre que personne ne pourra jamais détruire.

Un gouvernement Carney s’engage à :

  • Montrer l’exemple dans le secteur public :

Fin de citation…

Une stratégie affirmée de croissance verte, soutenue par le marché des capitaux verts que Mark Carney connaît bien et cherchera à séduire, s’installe donc au Canada!

Avec une double optique, environnementale d’une part, de rassemblement et de fierté collective d’autre part. Cette seconde dimension, politique, pourrait en faire le ciment le plus solide dans la durée.

Puisse ce cocktail attirer et séduire de nombreux états voisins!…