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Chaque année, 1% du parc de véhicules – dont ceux assurés tous risques – est victime d’un accident grave entrainant une mise à la casse. Dans ces sinistres dits de perte totale, se pose la question importante des émissions associées au véhicule indemnisé par l’assureur et, le plus souvent, remplacé.

Lorsqu’on s’interroge sur l’attribution des émissions de ces véhicules à l’assureur (Scope 3 aval), on retrouve un débat similaire à celui qui concerne les émissions financées par une banque ou par un organisme de leasing. En effet, ces institutions financières imputent à leur bilan carbone les émissions liées à l’utilisation de l’actif qu’elles financent (voitures, bâtiments, etc.).

Même si la situation d’un assureur diffère de celle d’une banque ou d’un loueur (car le cœur de métier n’est pas le « financement » mais la couverture de risques), de multiples arguments plaident pour l’inclusion des émissions d’usage du véhicule de remplacement dans le bilan de l’assureur.

Voici les points-clés qui militent en faveur de cette approche  que nous défendons:





  • Les émissions de fin de vie du véhicule accidenté (Démantèlement, recyclage et mise au rebut)
    • Certaines parties du véhicule peuvent être recyclées (métaux, plastiques, etc.), mais d’autres génèrent des déchets non récupérables.
      • Exemple pour une voiture thermique de 1,400 Tonne :
        • Facteur d’émission estimé pour le recyclage/mise au rebut : 1,2 kgCO₂e/kg
        • Total : 1,4 × 1,2 = 1,680 Tonne CO₂e 
  • Les émissions de production du véhicule de remplacement
    • Puisque l’assureur finance un nouveau véhicule (via l’indemnisation), il est en partie responsable des émissions de fabrication de ce dernier. Ces émissions comprennent l’extraction des matières premières, la fabrication, l’assemblage et le transport du nouveau véhicule jusqu’au client. La production d’un véhicule neuf génère en moyenne :
      • 7 à 10 tCO₂e pour un véhicule thermique
      • 12 à 15 tCO₂e pour un véhicule électrique (principalement à cause de la batterie).
  • Ces chiffres peuvent paraitre significatifs mais ils sont en fait modestes, comparés à ceux des émissions d’usage. Par exemple sur la durée de vie résiduelle d’un véhicule thermique remplaçant un véhicule détruit, ces émissions liées au roulage de ces véhicules représentent :
    • 2 tonnes / an x 10 ans de vie résiduelle = 20 Tonnes CO₂e , ce qui montre l’énorme sous estimation!
  • Enfin, à l’évidence, favoriser le véhicule de remplacement thermique parce que moins émissive que l’électrique est contraire au bon sens…

Conclusion

2 arguments majeurs justifient d’attribuer les émissions d’usage du véhicule de remplacement à l’assureur:

  • Le premier est la cohérence avec les pratiques de comptabilisation des émissions financées (banques, leasing), et dans la reconnaissance de son rôle d’“enableur” du remplacement du véhicule sinistré: Sur le plan financier, l’indemnisation peut être vue comme un soutien économique direct à l’acquisition d’un nouveau véhicule, d’où un parallèle justifié avec les émissions financées par un crédit ou un leasing.
  • Sur le plan stratégique, inclure ces émissions incite l’assureur à influencer positivement le choix du véhicule de remplacement (via des offres vertueuses, des clauses vertes ou des incitations financières), participant ainsi à la décarbonation du parc automobile.

Les seuls contre-arguments étant la crainte des volumes induits. Mais la pente de réduction est, à l’évidence, plus importante que le niveau de départ!

L’intégration de ces émissions d’usage dans le bilan GES de l’assureur est donc un choix vertueux dans une perspective de responsabilisation et de transparence des émissions indirectes induites par l’activité d’assurance.