Ce mardi 5 mars s’est ouvert à Pékin pour une dizaine de jours un des événements politiques les plus importants pour le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre: La réunion annuelle du Congrès Populaire National, parlement monocaméral de la RPC – dont l’essentiel des pouvoirs est délégué à un comité permanent de 170 membres.  

C’est l’occasion pour le Président Xi Jinping et son premier ministre de faire le point sur les récents développement et surtout les politiques économiques et climatiques pour l’année à venir.

Le contexte est critique puisque la Chine a annoncé une ambition de pic de ses émissions au plus tard en 2030. La promesse sera t elle tenue? Peut on compter sur une anticipation comme souvent dans ce pays devenu le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre?

La réponse tient en bonne partie dans les 2 indicateurs officiels de performance retenus au plus haut niveau politique:

  • L’efficacité énergétique de la Nation mesurée en énergie/PIB. Objectif fixé pour 2025: -13,5% vs 2021
  • L’intensité carbone du PIB (émissions/PIB). Objectif 2025: -18% vs 2021.

En 2023, selon le National Bureau of Statistics:

  • le 1er indicateur a déçu: le PIB chinois aurait cru de +5,2% et sa consommation d’énergie de +5,7%. Soit une dégradation de 0,5 point contre un objectif de progrès annuel de 2% et alors que l’IAE prône une amélioration de l’efficacité énergétique mondiale de 4% par an! La demande d’énergie en Chine augmente chaque année d’un incrément équivalent à la consommation du Royaume Uni!
  • Les émissions rapportées au PIB ont, de leur côté, stagné du fait d’une hausse de la consommation de charbon de 5,6% . 

Pour le futur, les messages du Président et du premier ministre sont contrastés:

  • Sur la coopération régionale y compris avec les USA, si critique pour la performance de décarbonation mondiale: Le budget de La Défense serait en hausse de 7,2% en 2024. Cette hausse, la plus forte depuis 5 ans, annonce le maintien des tensions liées à Taïwan qui ont, en 2023, retardé de 6 mois les négociations préparant la COP28. L’opposition aux activités des séparatistes de Taïwan est clairement mentionné dans le rapport du Premier ministre, sans surprise,
  • Sur la croissance: L’objectif de maintien d’un rythme « politiquement » soutenu de +5% du PIB est sous-tendu par un tassement des activités traditionnelles: textile, appareils électroniques et meubles, compensé par les 3 nouveaux champions : Panneaux solaires, batteries, véhicules électriques. Cette trilogie a vu ses exportations croître de 30% en 2023, atteignant 70% de la production de panneaux solaires et 60% des équipements éoliens vendus au monde. Objectivement une bonne nouvelle pour la décarbonation mondiale, d’autant que la Chine est également un fournisseur important de solaire thermique et de centrales nucléaires pour le reste du monde. Une moins bonne pour les industriels américains et européens qui hurlent aux subventions déloyales à la base de ce raz de marée et ont obtenu de leurs pouvoirs publics des enquêtes sur le sujet,
  • Sur le verdissement de l’énergie et de l’économie dans son ensemble: L’objectif affiché pour 2024 est de baisser de 2,5% la consommation d’énergie par unité de PIB. Les objectifs du plan 2021-2025 sont maintenus, mais le parti reconnaît un retard lié à de multiples facteurs comme la hausse trop rapide de la consommation par rapport à celle d’installation d ENR, le manque d’espace adaptés pour faire croître ces dernières au rythme souhaitable. Les perspectives liées au nucléaire et à l’éolien offshore permettent néanmoins d’anticiper l’installation de 100 millions de kW d’énergie décarbonée par an d’ici 2030. 

En conclusion, les challenges sont évidents, à la hauteur du gigantisme de ce pays et de sa transformation économique à marche forcée. 

L’engagement du Président Xi Jinping pour le Climat reste un élément positif à prendre en considération, au moment où les incertitudes sur les politiques vertes s’accumulent aux USA et en Europe!