La réélection du président Xi Jinping à la présidence du parti dirigeant la RPC pour 5 nouvelles années génère évidemment plusieurs questions géostratégiques, mais aussi plusieurs réponses à priori rassurantes pour le climat. 

Rembobinons:

  • Le 22 septembre 2020, le président chinois a pris une grande partie du monde par surprise en dévoilant, lors d’une visioconférence de l’ONU, un nouvel objectif pour la Chine: Atteindre la neutralité carbone en 2060 après un pic d’émissions d’ici 2030. Venant du premier émetteur mondial, cette annonce a électrisé les environnementalistes!
  • Cette annonce résultait en fait d’une modélisation scientifique sérieuse et d’une fine gestion politique et … bureaucratique!

-> La modélisation scientifique: Pendant un an, des scientifiques de haut niveau étudièrent préalablement au sein de l’université Tsinghua de multiples trajectoires vers le Net Zero. 

La supervision de ces travaux fut confiée à un vétéran de la politique et de la bureaucratie chinoise, Xie Zenhua, président de l’institut pour le changement climatique et le développement durable. 

Un des faits d’armes de Xie remonte au 11/12/2011 à une conférence sur le climat des nations unies à Durban où il se permettait de dénoncer l’hypocrisie des pays développés pour leur responsabilité dans le réchauffement climatique. 

-> La finesse politique de 2020: présenter l’objectif Net Zéro comme critique pour faire de la Chine une « grande puissance socialiste moderne ». Les États Unis étant à l’époque immobiles sur ce sujet, cela marquait bien un leadership mondial!

-> La finesse bureaucratique: rassurer l’administration chinoise en ménageant 10 ans au delà de l’échéance fatidique de 2050…

  • Lors de la COP 26 à Glasgow, Xie Zenhua représentait la Chine en remplacement du président chinois. On se souvient de la lourde déception que fut son opposition à l’engagement collectif de sortie accélérée du charbon.

 Le sujet est, comme pour l’Inde, un casse tête politique pour la Chine: l’extraction du charbon est un énorme réservoir d’emplois peu qualifiés qui participe à la stabilité sociale du pays. De ce fait, l’accent a été mis à l’équipement des centrales à charbon en dispositifs de capture du CO2. 

  • D’où le discours du président chinois lors de ce dernier congrès du PCC, précisant que « le charbon sera utilisé de manière plus propre et plus efficace et nous allons accélérer la planification et le développement de nouveaux systèmes d’énergie. »
  • Selon une étude de Sanford Bernstein, cet engagement vers la neutralité carbone exigera au total 189 milliards de dollars d’investissements de la Chine dans les ENR par an jusqu’à 2050.

Clairement, un climat de coopération internationale serait facteur de simplification et de synergies dans ce domaine. La pomme der discorde que représente Taïwan est probablement la plus lourde menace qui pèse sur cette trajectoire de décarbonation exemplaire!