Depuis des décennies, le Royaume-Uni est reconnu pour son leadership climatique. De la création du GIEC par Margaret Thatcher à l’organisation de la COP26 à Glasgow, le pays a souvent marqué les jalons de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
Cependant, ce parcours n’a pas été sans embûches. Le récent mandat du Premier ministre Rishi Sunak avait ralenti cet élan, provoquant une vive réaction du public, des entreprises et des partis d’opposition.
Mais, avec la victoire récente du parti travailliste en juillet et la prise de nouveaux engagements à la COP29 par le Premier ministre Keir Starmer, le Royaume-Uni semble prêt à renouer avec son ambition verte.
Un contexte politique fluctuant
Sous le gouvernement conservateur précédent, la politique climatique britannique a connu un revirement inattendu. Alors que le Royaume-Uni poursuivait des objectifs ambitieux, le gouvernement Sunak avait choisi de privilégier la croissance économique à court terme au détriment de la décarbonation rapide. Cette stratégie incluait le report de l’interdiction des voitures à essence et diesel de 2030 à 2035 et l’approbation du projet pétrolier de Rosebank en mer du Nord.
Ce recul avait suscité de vives critiques, et les élections locales de mai 2024 avaient illustré la volonté des électeurs de soutenir des politiques écologiques ambitieuses. La montée du parti vert et la lourde défaite des conservateurs ont clairement exprimé ce besoin de changement.
De nouveaux engagements climatiques ambitieux annoncés à la COP 29
La COP29 en cours à Bakou, permet au Royaume-Uni de reprendre le flambeau climatique.
Keir Starmer, nouveau Premier ministre, a profité de cet évènement pour annoncer des objectifs renforcés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il a ainsi dévoilé l’ambition du Royaume-Uni de réduire ses émissions de 81 % d’ici 2035, par rapport aux niveaux de 1990, un objectif plus ambitieux que le précédent de réduction de 68% d’ici 2030. Cet objectif vient compléter l’objectif de neutralité carbone en 2050.
Starmer a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité énergétique et la prospérité du pays, tout en évitant d’imposer des changements de mode de vie drastiques aux citoyens.
Le nouvel objectif n’intègre pas les émissions de l’aviation et du transport maritime internationaux conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui laisse ces secteurs spécifiques sous la responsabilité des organismes internationaux dédiés. Le Royaume-Uni s’engage néanmoins à collaborer activement avec ces organismes pour réduire les émissions des secteurs de l’aviation et du transport maritime.
Le Royaume-Uni frappe un grand coup en annonçant dès maintenant la mise à jour de sa Contribution Déterminée au niveau National (NDC) en ligne avec les exigences de l’Accord de Paris, alors que les États participants ont jusqu’à février 2025 pour le faire.
Le Royaume-Uni a émis 817,5 millions de tonnes métriques de CO2 en 1990, ce qui signifie qu’une réduction de 81 % nécessiterait que le pays ramène ses émissions en dessous de 200 millions de tonnes dans la prochaine décennie
Une feuille de route concrète pour devenir un leader mondial des énergies vertes
Premier acte : le Royaume-Uni a fermé en septembre sa dernière centrale au charbon. Mais, bien sûr cela ne suffira pas.
Pour atteindre ces objectifs, le Royaume-Uni mettra en œuvre une série de mesures concrètes audacieuses. La priorité sera donnée aux énergies renouvelables avec un plan d’investissements publics de 9,9 milliards d’euros, avec un objectif de quadrupler la capacité éolienne offshore à 60 GW d’ici la fin de la décennie.
Le gouvernement prévoit également de soutenir le développement de l’hydrogène vert, du nucléaire, des technologies de capture et de stockage du carbone, et de l’électrification des transports.
Des subventions seront allouées pour favoriser l’installation de pompes à chaleur et l’adoption de véhicules électriques. Des incitations fiscales et réglementaires sont également envisagées pour encourager la réduction de la consommation de viande et de produits laitiers, un point crucial pour diminuer l’empreinte carbone agricole du pays.
Le Royaume-Uni en leader climatique ouvre la voie aux autres nations
En présentant ces nouveaux objectifs, Keir Starmer a également appelé les autres nations à suivre l’exemple du Royaume-Uni. Il a souligné l’importance d’une action collective pour éviter un réchauffement global de 3,1 °C, tel que mis en garde par les Nations Unies.
Ce positionnement stratégique place le Royaume-Uni en tête de file des pays déterminés à atteindre les objectifs climatiques, en dépit des défis politiques et économiques. L’ambition est de maintenir cette influence climatique et de renforcer les partenariats internationaux pour que d’autres pays, notamment les plus grands émetteurs, se joignent à cet effort global.
Un vouloir-faire politique déterminant
Avec ce nouveau cap, le Royaume-Uni réaffirme son engagement envers le climat, et plus encore, il montre l’exemple d’une volonté politique essentielle pour limiter le réchauffement climatique. L’ambition, assortie de mesures concrètes réellement mises en œuvre et d’un leadership fort, crée les conditions de l’action qui fait la différence.
Mais, comme l’a rappelé Keir Starmer, ce sont les actions qui compteront. Dans cette lutte contre le réchauffement, ce sont les pays qui adopteront une approche proactive et intransigeante sur leurs objectifs qui en sortiront gagnants, en s’assurant une prospérité durable et un rôle clé dans l’économie mondiale de demain. Il est intéressant de souligner que cette ambition climatique s’accompagne de la volonté d’être aux avants postes de la création des emplois verts de demain.
Compte-tenu des liens historiques entre le Royaume-Uni et les États-Unis, ce nouvel engagement prend un écho particulier au moment de l’élection de Donald Trump.
Au Royaume Uni, le Climat n’est pas une pomme de discorde mais de concorde!