La présidence azerbaïdjanaise tenait à marquer les esprits par une bonne nouvelle à l’ouverture de la COP 29.
Ce qui nous rappelle que :
- La COP 28 s’était également ouverte sur une bonne nouvelle, celle de l’opérationnalisation du fonds sur les pertes et préjudices, et
- Certaines négociations avancent donc bien entre 2 COPs!
La bonne nouvelle annoncée en ouverture de cette COP29 est donc l’adoption de nouvelles règles pour encadrer – et donc favoriser – le mécanisme d’échange de crédits carbone prévu à l’Article 6 de l’Accord de Paris.
QU’EST-CE QUE L’ARTICLE 6 ?
L’Article 6 de l’Accord de Paris décrit les conditions d’échanges entre pays des crédits carbone: Le principe est que des projets réducteurs d’émissions dans un pays peuvent être financés – donc favorisés – par la vente de certificats achetables par d’autres pays ou par les acteurs privés d’autres pays pour compenser leurs émissions. Le premier exemple a été donné par la Suisse et le Pérou en 2020, pour financer des équipements de chauffage à faibles émissions au profit de populations isolées (projet Tuki Wasi https://tukiwasi.org/en/).
Ces crédits carbone sont donc générés par des activités qui doivent réduire objectivement les émissions nettes de gaz à effet de serre. Par exemple des projets de remplacement des cuisinières à bois, de plantation d’arbres, de protection des écosystèmes absorbant le carbone comme les forêts ou les tourbières….
Un crédit carbone équivaut à une tonne de CO2 évitée pour l’atmosphère ou éliminée de celle-ci.
Ils peuvent être achetés par un acteur – état ou entreprise – qui doit réduire ses propres émissions de CO2, c’est-à-dire son empreinte carbone et sera intéressée par cet échange si cette option est moins couteuse que celles de sa propre activité ou sur son territoire domestique par exemple. Cela vise donc essentiellement des accords transnationaux entre pays de niveaux de vie différents.
Les nouveaux critères définis par la COP 29 décrivent notamment la méthodologie pour calculer le nombre de crédits qu’un projet donné peut générer, éviter le double comptage, mettre en place les mécanismes d’accords multilatéraux entre pays,… l’objectif final étant de solidifier ces mécanismes de marché.
EST-CE VRAIMENT UNE BONNE NOUVELLE ?
Les pays en développement comptent sur ces revenus, le potentiel de ces échanges pouvant dépasser 250 Milliards US$ selon la présidence de la COP29.
Mais les solutions qui permettent de générer les crédits carbone ont été critiquées : manque de fiabilité de la mesure, fraudes, réductions d’émissions peu durables et trop lointaines….et surtout, si les crédits carbone définis dans l’article 6 sont vus comme des droits à polluer, cela dissuade de réduire les émissions en valeur absolue!
En Europe, dans le cadre de la CSRD, le net zero est bien défini comme une réduction de 90% des émissions brutes avant toute solution de compensation.
Il était néanmoins essentiel de renforcer les règles du marché du crédit carbone. Tous les outils permettant de réduire les émissions sont bons à prendre, avec beaucoup de garde-fous.
Et n’oublions jamais que chaque dixième de degré gagné compte…