La pression positive de la COP27 a, comme anticipé, généré quelques fruits plus opérationnels que stratégiques, mais bienvenus. On peut considérer en effet que, dans le cadre de l’Accord de Paris, la priorité est plus à l’exécution qu‘à la géostratégie – qui peut par contre devenir adverse (tensions est-ouest…):

Le Méthane est le premier sujet sur lesquels cette COP était attendue. 2 intervenants ont répondu aux attentes:

Joe Biden ne pouvait pas atterrir les mains vides à Charm-el-Cheikh, même s’il ne restait que quelques heures.

C’est donc la veille de son apparition que l’Environmental Protection Agency a remis sa proposition, enfin solide, de gestion des émissions de méthane issues des fuites de puits de pétrole et de gaz américains. En synthèse 

  • un impact attendu pour 2030 sur le périmètre couvert de 87% de réduction des émissions de CH4 versus 2005 selon l’EPA,
  • Des inspections régulières de tous les puits,
  • le brûlage du méthane en sortie de puits sera soumis à des limites,
  • Une obligation pour tous les producteurs de gaz et de pétrole de répondre à toute alerte sur une fuite détectée par des tiers dans leurs installations. Ceci facilitera la tâche des activistes qui utilisent des technologies y compris spatiales pour détecter les fuites de puits et les dégagements brutaux.

Côté Chinois, l’emblématique ambassadeur Xie Zhenhua, dont nous avons déjà vanté dans nos colonnes le rôle essentiel dans la stratégie de son pays, a livré un message en clair obscur: Xie Zhenhua a en effet indiqué que la Chine avait esquissé un plan pour réduire ses émissions de méthane, sans aller toutefois jusqu’à rejoindre formellement l’engagement de la COP26. Compte tenu de l importance du charbon dans ce pays, le challenge est énorme et l’annonce respectable. 

La valeur de ces annonces est surtout celle de l’exemplarité. Quelques chiffres pour resituer le contexte:

  • le méthane est ce gaz qui réchauffe notre atmosphère 80 fois plus que le CO2 sur sa durée de vie d’environ 20 ans, 
  • selon le dernier rapport du GIEC, il est la cause d’environ 0,5°C sur 1,1°C de réchauffement net après ou 1,5°C de réchauffement brut avant aérosols depuis l’ère préindustrielle,
  • Lors de la COP26, un engagement collectif a été pris de réduire ces émissions de méthane de 30% à horizon 2030 par rapport au niveau de 2020, afin d’éviter 0,2°C de réchauffement à horizon 2050. Cet engagement a été confirmé par 120 nations depuis.

Emissions de Méthane 2000-2019

La Chine est le premier émetteur mondial avec 14% des émissions, les USA en émettant 8,6% dont la moitié issue des fuites de puits de gaz et pétrole!

Emissions CH4 USA 2000-2019

Océan Indien: La Just transition Alliance en marche pour aider à sortir du charbon:

Le mois dernier, l’Afrique du Sud annonçait un accord permis par 8,5$bn de financement des pays développés pour aider son principal producteur d électricité à basculer du charbon vers les ENR.

Indonésie: Durant cette COP27 mais à Bali, les présidents Joe Biden et Joko Widodo d’Indonésie ont confirmé un accord d’emancipation du charbon de ce pays permis par 20 milliards de $ de financement des états de la Just Transition Alliance.

Au plan stratégique enfin, 2 bonnes nouvelles à fort enjeu :

Le Brésil enfin a refait son apparition comme grand acteur de la lutte contre le réchauffement qu’il n’aurait jamais du cesser d’être. Le président Lula nouvellement élu a annoncé vouloir mettre fin à la destruction illégale de la forêt amazonienne et a proposé d’accueillir la COP30 en 2025.

Autre évènement, surprise celui là compte tenu des contexte nationaux et internationaux réellement adverses: À l’issue de leur entretien de 4 heures au G20, Joe Biden et Xi Jinping ont annoncé leur décision de reprendre la coopération Sino américaine sur le Climat!

Goutons ces bonnes nouvelles dans la grisaille géopolitique actuelle!