Les européens, à travers la CSRD, ont décidé de donner la même importance pour la transparence extra-financière des entreprises à 2 horizons :

  • Le moyen/long terme : Les risques que l’entreprise génère sur le Climat,
  • Le court/moyen terme : Les risques que l’entreprise supporte du fait des évolutions liées au Climat. 
    • Si les risque physiques augmenteront en effet sur le moyen terme, 
    • Les comportements des clients, salariés, financiers et des pouvoirs publics évolueront à court terme pour lutter contre le réchauffement,
    • La valorisation des entreprises, leur capitalisation, peuvent être impactées à court terme par l’effet d’actualisation des flux de résultats futurs.

Le reste du monde aura-t-il le même discernement ? 

La réponse se trouve en partie dans les normes ISS que nous promet la fondation IFRS pour mi-2023. Or cet exercice de l’ISS Board est alourdi par le poids de la consigne donnée dès l’origine : Capitalisez sur les recommandations de la TCFD !  

Or le contexte d’aujourd’hui est clairement différent de celui qui a présidé aux travaux de cette Task Force ! Rembobinons :

  • Septembre 2008 : avec la faillite de Lehman Brothers le monde entier réalise combien les institutions financières sont capable d’inventer pour elles-mêmes et leurs clients des montages complexes multipliant les découpages d’actifs, les couvertures optionnelles… dont personne n’a finalement un vision globale.
  • Octobre 2008, Alan Greenspan avoue devant le congrès américain que sa confiance dans l’intérêt propre des institutions à protéger leurs actionnaires n’existe plus. La philosophie du libéralisme autorégulateur prônée si longtemps par les US s’effondre
  • Tirant les leçons de la débacle, George Bush convie les ministres des finances du G20 pour officialiser leur nouvelle mission : sécuriser l’entier système financier, c’est à dire les institutions financières de toute nature, au-delà de stabiliser les monnaies.
  • Pour mener à bien cette mission, le G20 installe dans la foulée un nouvel organe lui rapportant directement, le Financial Stability Board – FSB. Mario Draghi puis Mark Carney en sont les 1ers présidents successifs. 
  • En quelques années, cela permet une supervision plus efficace de tous les compartiments de la sphère financière, un net renforcement de la gestion des risques avec bien sur des exigences accrues en capital si besoin…
  • En 2015, à la COP de Paris, le FSB considère sérieusement le risque systémique lié au Climat et décide de créer la Task Force on Climate related Financial Disclosures – TCFD. Réunissant des banquiers, assureurs, auditeurs et agences de rating, elle recoit pour mission d’élaborer des règles de publication source de transparence sur ces risques au profit de la sphère financière en premier lieu : Banquiers, investisseurs qui sont exposés à un nouveau risque systémique de ce fait.
  • En 2018, la TCFD remet au G20 de Hambourg ses recommandations en distinguant 2 catégories de risques :
    • Physique lié aux expositions des installations aux évènements climatiques
    • De transition liés aux évolutions de la règlementation, des clients et des collaborateurs pour cheminer vers la décarbonation.

Clairement, ce dispositif apporte de la valeur en réduisant le risque de court terme auquel est exposé le système financier du fait des évolutions liées au Climat et donc l’économie en général. La durabilité économique est un socle essentiel y compris pour le financement des gigantesques investissements de décarbonation que le GIEC recommande d’accélérer !

Il reste néanmoins incomplet puisqu’il n’incite en rien les entreprises à s’aligner sur les justes trajectoires de décarbonation !

Le défi de l’ISSB est donc de gérer cette “schizophrénie” aussi bien que l’Europe en hisser le niveau d’exigence internationale sur la transparence, non seulement aux risques financiers de court terme, mais aussi d’impact à moyen/long terme !