Comme l’a bien documenté Patrick Artus, la transition écologique est LA nouvelle destruction créatrice de valeur. Le solde net en terme de croissance ou de décroissance sur les décennies à venir est incertain entre : 

  • 5000 milliards par an sur 30 ans d’investissements nécessaires pour décarboner les énergies, l’industrie, les bâtiments et les transports d’ici 2030 (selon McKinsey),
  • l’abandon prématuré des infrastructures d’extraction, de raffinage et de distribution de milliards de tonnes de produits pétroliers, gaziers et de charbon qui alimentent le PIB des pays et énergétiques producteurs. Et qui deviendront les actifs du prochain Jurassic parc mondial.

L’image de la croissance spectaculaire de Tesla pendant que ferment des mines à charbon en Afrique du Sud en est une belle illustration. 

Cette perspective d’être les dinosaures de la farce est évidemment le cauchemar des états pétroliers, de leurs compagnies nationales ou privées, de leurs dirigeants et de tous ceux dont le modèle économique en dépend. 

Y compris leurs banquiers à qui on vient désormais demander non seulement des comptes, mais aussi les risques associés au financement de ces Stranded Assets ou actifs échoués.

Depuis la faillite de Lehmann, le G7 s’est en effet préoccupé de la solidité financière des banques et le Financial Stability Board a choisi, sous l’impulsion de Mark Carney d’aborder le risque de transition lié au climat dans ce cadre. D’où les travaux de la Task Force on Climate-related Financial Disclosure  – TCFD – menée par Michael Bloomberg, et les recommandations de reporting en simple matérialité, intégrées cette année par le Sustainability board de la fondation IFRS. By

Il est d’autant plus crucial de bien traiter la dette des opérateurs d’énergie fossile dans les pays émergents que leur nation n’a souvent pas les moyens d’éponger un bain de sang financier. Il revient donc à l’aide internationale de reprendre et d’eponger ces dettes afin d éviter la faillite en cascade des banques locales prêteuses et d’ajouter à la crise climatique une crise financière. 

C’est souvent un des volets importants des Partenariats pour une Juste Transition Énergétique que nous avons décrits dans un précédent article de notre blog. 

Le financement de la transition attendu de la part des pays développés a donc 3 finalités: 

  • Construire leurs nouvelles infrastructures d’ENR et électrifier leurs usages industriels et domestiques d’une part,
  • Bonifier des financements multilatéraux pour aider les pays en développement à accélérer l’installation de ces mêmes infrastructures ENR, y compris les réseaux électriques,
  • Aider aussi les pays en développement à décommissionner les infrastructures énergétiques ultra émettrices: indemniser les prêteurs et parfois les investisseurs privés dans ces actifs destinés au nouveau Jurassic Parc., à travers les JETP.

Que cela plaise ou non aux écologistes, la finance est donc un triple catalyseur de la transition énergétique mondiale. L’Atelier finances du Futur est crucial!

Justement viennent d’arriver à Dubaï les 2 ministres chargés par l’UE de négocier les volets financiers de cette COP: Agnès Pannier-Runacher et Eemon Ryan d’Irlande.

Leur tâche est compliquée par la hausse des taux, du prix de l’énergie et les perspectives d inflation durable liée aux investissent de decarbonation incontournables. 

D’où notre vibrant appel aux banquiers centraux et aux dirigeants politiques mondiaux de réduire cette charge colossale en faisant ouvrir par la BCE et la FED des lignes de financement à taux réduit, uniquement pour les infrastructures ENR, plus simples à flécher. 

Pour le reste, laisser l’hyper développement générer des hyper émissions n’est pas une option. Apporter le pouvoir-faire financier accompagné si besoin du savoir-faire technologique est donc un passage obligé. 

Nous devrons bien payer cher le nouveau Jurassic Parc!…