Quels que soient les vents contraires, nous gardons notre cap de l’incitation à lutter contre le réchauffement climatique.

Pour la 3ème fois en 1 an et demi, l’équipe ramassée – mais si professionnelle! – des Ateliers du Futur livre donc sa QUATERLY CLIMATE REVIEW: Des diagnostics et prospectives couvrant tous les terrains-clés pour gagner cette bataille de la décarbonation :

  • La santé du système climatique terrestre,
  • Les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES),
  • Les technologies vertes existantes et à venir,
  • Les politiques publiques,
  • Les financements.

Voici donc nos 2èmes et 3èmes volets sur l’évolution récente des émissions et les perspectives liées aux Nationaly Determined Contributions en cours de mise à jour.. Les documents pdf en anglais sont à télécharger et consommer sans modération!

Émissions de gaz à effet de serre – Où en sommes-nous ?

Les émissions de gaz à effet de serre poursuivent leur croissance : le défi du virage

Juin 2025. Alors que la nécessité de baisser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne fait plus débat, les derniers chiffres publiés soulignent la difficulté du passage à l’acte à l’échelle mondiale.

Une hausse continue, tirée par les émergents et les secteurs difficiles à décarboner

En 2024, les émissions mondiales de CO₂ d’origine humaine ont progressé de 2 %, pour atteindre 41,6 milliards de tonnes, et la concentration atmosphérique franchit les 422,5 ppm (+2,8 % sur un an, +52 % depuis 1750). L’aviation et le transport maritime affichent une envolée de 8 %, signe que la croissance de la mobilité internationale pèse lourdement sur le bilan carbone global. Seuls quelques pays développés parviennent à réduire lentement leurs émissions fossiles, tandis que la Chine et l’Inde poursuivent leur croissance, même si elle ralentit.

Les autres gaz en embuscade : le méthane toujours à des niveaux records

Le méthane poursuit une progression inquiétante, à des niveaux proches des scénarios les plus pessimistes du GIEC. L’agriculture et les énergies fossiles partagent la responsabilité de cette hausse, qui compromet les objectifs climatiques à court terme.

L’équation du carbone devient critique

La réduction des émissions nécessite non seulement de ralentir l’usage des énergies fossiles mais aussi d’agir sur la déforestation, qui reste responsable de 3,7 milliards de tonnes de CO₂ par an, majoritairement au Brésil, en Indonésie et au Congo. Parallèlement, la capacité de stockage et de capture du carbone peine à suivre le rythme nécessaire.

À quoi ressemble une trajectoire compatible 1,5°C ?

D’après l’AIE et le PNUE, il faudrait multiplier les infrastructures de captage, réduire de 75 % les émissions de méthane issues des fossiles d’ici 2030, et engager la quasi-totalité des pays dans des plans de réduction drastiques. Or, selon les dernières projections, il y a 97 % de risques que les politiques actuelles nous mènent au-delà de +2°C.

L’appel aux grands acteurs et aux coalitions

Le G20 détient la clé du changement : sa capacité d’action collective conditionnera la réussite ou l’échec de l’Accord de Paris. Seule une mobilisation renforcée des investissements, de la R&D, de l’innovation et de la coopération internationale permettra d’inverser la tendance.

Politiques publiques climatiques en 2025 : l’accélération, la fragmentation et la responsabilité collective

Juin 2025. Le paysage des politiques publiques climatiques connaît en ce milieu d’année de profonds bouleversements. Entre ambitions affichées, réalités budgétaires, virages politiques et nouveaux engagements internationaux, le tempo de la transition écologique se joue désormais sur plusieurs partitions à travers le monde.

Chine : le nouveau moteur de la décarbonation mondiale

En ce début 2025, la Chine s’impose comme le leader de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour la première fois, ses émissions de CO2 ont baissé de 1,6 % au premier trimestre, principalement grâce à l’essor des énergies renouvelables qui dépassent la croissance de la demande électrique. Cette baisse des émissions énergétiques, inédite à cette échelle, laisse entrevoir la possibilité d’un pic structurel des émissions chinoises. Néanmoins, la croissance industrielle, notamment dans les secteurs des métaux et de la chimie, a entraîné une hausse des émissions hors énergie.

Le président Xi Jinping s’est engagé à publier une contribution nationale (NDC) englobant toute l’économie et l’ensemble des gaz à effet de serre avant la COP30. Ce signal fort pourrait transformer le rythme mondial de la décarbonation, à condition que les tensions commerciales avec les États-Unis ne viennent pas fragiliser cette dynamique.

États-Unis : marche arrière et incertitudes

À l’opposé, les États-Unis vivent un véritable retour en arrière climatique. La nouvelle administration a acté le retrait de l’Accord de Paris, ordonné la réécriture des normes d’efficacité énergétique, gelé de nombreux projets éoliens et suspendu les aides au développement à l’étranger. L’EPA a réduit ses propres actions de protection de l’environnement, la NASA et les diplomates américains se voient interdire toute coopération internationale sur le climat.

Au-delà de l’effet immédiat sur la politique intérieure, cette position des États-Unis envoie un message négatif aux autres pays et fragilise l’ensemble du système de solidarité et de financement international, en particulier pour les pays en développement.

Europe : ambition réaffirmée, mise en œuvre ralentie

L’Union européenne, pionnière de la transition verte, voit son avance s’effriter. Sous la pression de nouveaux besoins en matière de défense, les budgets alloués à la transition écologique sont de plus en plus contraints. Plusieurs mesures emblématiques sont repoussées : l’application du règlement anti-déforestation (EUDR) est retardée, la taxe sur les émissions des véhicules est reportée, et les incitations à l’achat de voitures électriques sont réduites, freinant la dynamique du secteur.

Pourtant, l’Europe continue d’afficher sa volonté de devenir un continent neutre en carbone d’ici 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de 90 % des émissions d’ici 2040. L’enjeu est désormais d’aligner cette ambition avec une réelle

Nouveaux engagements internationaux : une dynamique à deux vitesses

Malgré ces incertitudes, plusieurs pays ont rehaussé leurs ambitions climatiques cette année. La Suisse, le Brésil, les Émirats Arabes Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Canada ont tous soumis de nouveaux objectifs (NDC) alignés, pour certains, avec la trajectoire 1,5°C de l’Accord de Paris.

  • Le Royaume-Uni vise une réduction de 81 % de ses émissions d’ici 2035, soutenue par des plans massifs pour l’énergie propre et l’efficacité énergétique.
  • Le Japon ambitionne une réduction de 60 % de ses émissions en 2035 et de 73 % en 2040, en s’appuyant sur une politique industrielle volontariste.
  • Le Canada inscrit dans la loi la neutralité carbone pour 2050 et fixe des objectifs intermédiaires ambitieux, tout en adaptant sa stratégie à son profil agricole et à la part importante des énergies renouvelables dans son mix.

Leçons et perspectives

L’année 2025 illustre la fragmentation croissante de la gouvernance climatique mondiale : accélération spectaculaire en Chine, ambitions affirmées mais concrétisation ralentie en Europe, recul préoccupant aux États-Unis, et montée en puissance d’acteurs émergents du Sud.

La transition écologique ne pourra réussir que si chaque continent, chaque nation, chaque entreprise s’engage à la hauteur des enjeux et si la solidarité internationale reprend toute sa place.

Dans ce contexte, le rôle des ONG comme Les Ateliers du Futur prend une dimension particulière. En regroupant des experts issus de l’entreprise, de l’ingénierie verte et de la finance, cette ONG œuvre à la mobilisation des acteurs économiques et institutionnels pour renforcer l’action collective. Sensibilisation, formation des générations futures, remise en question constructive des stratégies publiques et privées sont autant de leviers pour redonner du souffle à la dynamique climatique.