A Dubaï, les dirigeants mondiaux vont essayer de suivre la recommandation de l’IAE de tripler la capacité d’énergie renouvelable dans le monde d’ici 2030, pour la porter à 11 térawatts. Cet objectif ambitieux est au cœur du scénario Net Zero que l’IAE affirme encore possible, avec 2 autres conditions, relatives à l’efficacité énergétique et à la baisse des émissions de méthane. 

Zoom sur cet objectif de triplement des ENR:

Pourquoi?

Depuis 2020, les investissements mondiaux dans les énergies propres ont augmenté de 40%, portés par le photovoltaïque et les véhicules électriques.

En réponse à la crise énergétique, les pays ont accéléré le déploiement des énergies renouvelables. En 2023, plus de 500 GW de capacité renouvelable devraient être installés, un record. La part des énergies renouvelables dans la production d’électricité devrait atteindre 32 % en 2026, contre 27 % en 2022.

Malgré ces progrès, l’AIE conclut, dans son rapport de référence Wiorld Energy Outlook 2023, que le monde est encore loin de ses objectifs climatiques. Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, il faudra investir massivement dans les énergies renouvelables et les technologies de captage et de stockage du carbone.

Pour les climato-indifférents, la crise énergétique issue des sanctions consécutives à la guerre en Ukraine a montré la dépendance du monde aux énergies fossiles. La Russie est un important fournisseur de pétrole, de gaz et de charbon, et son invasion de l’Ukraine a perturbé les approvisionnements mondiaux. Cette situation a entraîné une hausse des prix de l’énergie, qui a un impact négatif sur l’économie mondiale.

 Combien ?

L’objectif recommandé par l’AIE et endossé par le G20 est de porter la capacité en énergies renouvelables à environ 11 térawatts d’ici 2030, ce qui représenterait un triplement par rapport à 2022. Selon Bloomberg, cette augmentation apporterait 62 % de la réduction nécessaire de nos émissions d’ici 2030, par rapport à un scénario sans transition. 15% supplémentaires seraient issus de l’électrification des usages industriels et de transport.

Globalement, cela nécessitera un doublement du niveau d’investissement dans l’énergie renouvelable à une moyenne de 1175 milliards de dollars par an entre 2023 et 2030, contre 564 milliards de dollars en 2022.

Les investissements dans le réseau électrique devront passer à 777 milliards de dollars en 2030, soit près de trois fois plus que ce qui a été investi en 2022.

Enfin 720 gigawatts de batteries devront être déployés dans le monde d’ici 2030, soit 16,1 fois le total déployé fin de 2022 !!

Quoi?

L’énergie éolienne et solaire étant les sources les moins chères de nouvelle génération dans la plupart des pays, rendent cet objectif plus réalisable que jamais.

La croissance requise dans le solaire est déjà sur la bonne voie pour être atteinte, tandis que la construction éolienne requise nécessitera une action concertée pour être déverrouillée.

Une diversification des sources d’énergie renouvelable serait plus efficace pour décarboner le mix énergétique mondial qu’un mix largement solaire en raison des profils de production complémentaires de l’énergie éolienne et des facteurs de capacité plus élevés.

Un grand défi est l’intermittence des énergies renouvelables. Les sources d’énergie renouvelables, comme le solaire et l’éolien, ne produisent pas de l’énergie de manière constante. Il est donc nécessaire de développer des solutions pour stocker l’énergie renouvelable et pour garantir une fourniture d’énergie fiable : Réservoirs hydroliques de stockage ou batteries (cf notre article sur l’Australie à ce propos).

Où faut il investir?

La Chine joue un rôle crucial dans les tendances énergétiques mondiales, étant donné sa taille, son rythme de développement et sa part dans les émissions mondiales déjà supérieure à 30%. Le ralentissement économique du pays et son passage à l’énergie propre impactent donc fortement la dynamique mondiale de la demande et de l’offre d’énergie.  Comme le souligne notre précédent article, c’est LE leader mondial en termes de développement des ENR

L’essentiel des surcroits d’investissements en production d’électricité renouvelable devra se faire dans les économies émergentes hors Chine. 

Qui doit financer?

Cela pose donc le sujet crucial du pouvoir-faire : Les économies développées ont à l’évidence un rôle de bailleurs de fonds essentiel à jouer. 

Un sujet crucial de négociation à Dubaï sera justement de renforcer les aides des économies développées à cette transition des nations en développement:

– Paquet annuel de 100 milliards de US$

– Partnership for Just Transition.

Au passage, reconnaissons que les récentes directives européennes ne facilitent pas l’investissement privé dans ces directions : Trop de difficultés à contrôler, à rendre compte dans le cadre de la CSRD !…

Le salut passe donc par les banques de développement multilatérales et donc par des décisions politiques.

En conclusion 2 sujets cruciaux dans ce domaine pour les négociations de Dubaï: 

– Le Vouloir-dire: Objectif de triplement de ces ENR,

– Le Pouvoir-Faire: Les aides multilatérales, y compris pour faciliter l’investissement privé, pénalisé par les taux et sprays actuels au niveau mondial.

D’où notre recommandations aux grand décideurs politiques mondiaux et Banquiers centraux d’ouvrir des lignes de crédit à taux préférentiels pour ces développements d’ENR, “Whatever it Costs”!