Le retard pris par l’Australie dans la course à la décarbonation apparait clairement dans la comparaison de sa trajectoire avec celle de la France: Avec une population 60% inférieure à la nôtre, elle dépasse depuis 2008 la France en volume d’émissions émises sur son sol. 

Ses émissions de gaz à effet de serre par habitant la situent à la deuxième place mondiale des plus gros pollueurs juste derrière l’Arabie Saoudite. Le gouvernement australien porté au pouvoir début 2022 s’emploie à corriger cette situation (cf notre article sur les évolutions importantes de la réglementation visant à réduire drastiquement les émissions à 2030).

Les centrales électriques au charbon en sont une cause majeure. Nous avons évoqué dans ce blog la tentative d’OPA avortée du fond canadien co-dirigé par Mark Carney sur un énergéticien australien.

Pour ce pays très illustratif de la révolution énergétique que notre monde doit accomplir, le match de la décarbonation se joue désormais sur 2 terrains critiques et indissociables

– le déploiement des capacités de production photovoltaïques et éoliennes,

– le développement des capacités de stockage de cette énergie intermittente.

Du coté de la production:

Au global, le plan de décarbonation de l’énergie Australienne nécessitera plus de 120 milliards US$ dans l’éolien, le solaire et les lignes de transmission.

La chute des prix des infrastructures d’énergie renouvelable et la nouvelle réglementation durcissant les règles de décarbonation des principaux site émetteurs accélèrent la fermeture des centrales à charbon. Selon le principal opérateur, elles devraient toutes être fermées au plus tard en 2040, mais la vision du think tank Grattam Institute est moins optimiste/

Du coté du stockage de l’électricité renouvelable:

Selon l’Australian Energy Market Commission, organe de conseil au gouvernement, les projets de stockage représenteront à eux seuls un investissement de plus de 43 milliards US$ d’ici 2050.

2017 fut une année à grand spectacle pour le stockage électrique en Australie: Mis au défi de fournir rapidement une installation stationnaire de batteries de grande dimension, Elon Musk proposa sur Twitter un pari fameux : fournir une installation de 100MWh en moins de 100 jours. En cas de retard, le site serait gratuit !

Tesla gagna son pari et ceci a contribué – modestement – à la substitution par l’Australian Energy Market Operator de la centrale à charbon de 1600MW fermée par Engie à Adélaïde par une production de 2000MW d’éolien et de solaire en Australie du Sud. (Ces batteries de 100MWh ne font qu’améliorer la stabilité du réseau ; elles ne permettent en effet de stocker l’électricité du parc éolien de 100MW  situé à côté que pendant à peine plus d’une heure).

Mais l’Australie ne se contente pas d’investir dans des batteries stationnaires pour stabiliser son réseau électrique, elle investit massivement dans d’autres installations de stockage d’électricité de très grand volume : les Stations de Turbinage et de Pompage (STEP). En 2026, l’Australie inaugurera notamment la plus grande STEP du monde. Baptisée « Snowy 2.0 », elle aura une capacité de stockage de 350 GWh. A titre de comparaison, la plus grande STEP actuellement en fonction sur la planète revendique 120 GWh. L’Australie détient à présent la 2e place mondiale en projets de capacité de stockage derrière la Chine avec plus de 250 projets de différentes tailles, dont un certain nombre en reconvertissant d’anciennes mines de charbon et d’or. 

Le réservoir amont:

Nul doute que les événements de canicules extrêmes et de méga-incendies continueront malheureusement à sensibiliser en permanence la population australienne pour soutenir cette dynamique de décarbonation!