Quels que soient les vents contraires, nous gardons notre cap de l’incitation à lutter contre le réchauffement climatique.
Pour la 3ème fois en 1 an et demi, l’équipe ramassée – mais si professionnelle! – des Ateliers du Futur livre donc sa QUATERLY CLIMATE REVIEW: Des diagnostics et prospectives couvrant tous les terrains-clés pour gagner cette bataille de la décarbonation :
- La santé du système climatique terrestre,
- Les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES),
- Les technologies vertes existantes et à venir,
- Les politiques publiques,
- Les financements.
Voici donc notre 5ème et dernier volet sur l’évolution récente et les perspectives relatives à la finance verte, tant pour décarboner les pays développés que aider les pays en développement à sortir de leur dépendance fossile. Le document pdf en anglais est à télécharger et consommer sans modération!
Finance climatique : la clé d’une transition verte juste et mondiale menacée par les arbitrages budgétaires
Alors que l’urgence climatique ne cesse de s’accroître, le financement de la transition verte apparaît comme le nerf de la guerre, particulièrement pour les pays émergents et en développement (EMDE). Pourtant, les récents développements révèlent un fossé grandissant entre les ambitions affichées et les moyens effectivement mobilisés.
Financer la transition : une mosaïque d’instruments nécessaires
La réussite de la transition bas-carbone repose sur la mobilisation simultanée d’un large éventail d’outils financiers : politiques publiques incitatives, investissements privés, instruments innovants (obligations vertes, prêts durables, financements mixtes), et coopération internationale. Les politiques publiques doivent faciliter et sécuriser l’engagement du secteur privé, notamment dans des régions où le risque perçu freine l’investissement.
Le cas des pays émergents : un défi colossal et sous-estimé
Les besoins financiers des pays émergents pour réussir leur transition sont gigantesques. Selon les évaluations issues des NDC, les engagements financiers actuels ne couvrent qu’une fraction des montants nécessaires à une trajectoire compatible avec une hausse maximale de 1,5°C. Les analyses montrent que, pour combler cet écart, il faudrait tripler la capacité de prêt annuelle des banques multilatérales de développement (BMD) d’ici 2030.
Or, à ce jour, la part du financement climatique dans le portefeuille de prêts des banques des pays émergents reste très limitée. 60 % d’entre elles n’y consacrent pas plus de 5 % de leurs activités, 28 % n’agissant pas du tout. Cela démontre l’ampleur du chemin à parcourir pour faire du climat une priorité financière, dans des économies souvent contraintes par d’autres urgences.
Les émissions d’obligations vertes progressent, mais…
Les émissions d’obligations et de prêts durables connaissent une croissance rapide, tant dans les pays avancés que dans les économies émergentes. Toutefois, les volumes atteints demeurent insuffisants par rapport aux besoins de financement identifiés. La mobilisation accrue du secteur privé sera cruciale, mais elle dépendra du levier d’entraînement des BMD et de la stabilité des politiques publiques.
L’accord de Bakou sur la sellette : une solidarité fragilisée
L’accord de Bakou, adopté en 2025, ambitionnait de garantir 300 milliards de dollars d’aide annuelle pour le climat aux pays en développement. Mais cette promesse est désormais fragilisée par la multiplication des annonces de coupes budgétaires dans les grands pays donateurs. L’Allemagne prévoit de réduire d’un milliard son aide au développement, les Pays-Bas annoncent une coupe de 2,5 milliards d’euros, et d’autres pays européens, comme la Finlande, la Suède ou la Suisse, suivent le mouvement.
Au Royaume-Uni, le gouvernement justifie la suppression de 6 milliards de livres d’aide par le besoin de financer la défense. Aux États-Unis, la restructuration de l’USAID – principal organisme d’aide internationale – met en péril les 43 milliards de dollars d’aide gérés en 2023. Ces décisions remettent en cause la crédibilité des engagements financiers du Nord envers le Sud, et risquent d’entraîner un effet domino chez les autres contributeurs.
L’enjeu d’une mobilisation rapide et coordonnée
Pour tenir la trajectoire climatique mondiale, il est impératif d’accélérer la mobilisation des financements publics et privés, d’améliorer la coordination internationale et de garantir la prévisibilité des flux. Le renforcement du rôle des BMD, la création de mécanismes innovants de garantie et la priorisation du climat dans l’allocation des ressources sont autant de pistes à explorer.
Ateliers du Futur s’engage, en tant qu’ONG de dirigeants et d’experts, à sensibiliser les acteurs économiques et institutionnels sur l’urgence de cette mobilisation. Par la formation, le plaidoyer et le partage de bonnes pratiques, l’ONG contribue à accélérer la transition vers une économie décarbonée et solidaire.
Conclusion
Face à l’ampleur des défis, il n’y a pas de transition réussie sans financement massif, stable et orienté vers le long terme. L’heure n’est plus aux arbitrages défensifs, mais à une solidarité active, fondée sur l’intérêt commun et la responsabilité partagée.
L’appel aux grands acteurs et aux coalitions
Le G20 détient la clé du changement : sa capacité d’action collective conditionnera la réussite ou l’échec de l’Accord de Paris. Seule une mobilisation renforcée des investissements, de la R&D, de l’innovation et de la coopération internationale permettra d’inverser la tendance.