Suite à la publication du Palmarès de la Transparence des Trajectoires 2023 du CAC40, nous revenons plus en détail sur de bonnes pratiques que nous avons relevées lors de notre étude préparatoire .


Cet article est le premier d’une série qui abordera successivement les thématiques du Vouloir Faire (engagements 2030 et 2050), du Savoir Faire (Plan d’Actions et Gouvernance), du Pouvoir Faire (Financement) et de la Gouvernance.


👉 Le Vouloir Faire, un pilier indispensable !

Sans engagement chiffré et calendarisé, point de salut.

Notre palmarès 2023 est basé sur les DEU 2022 (Document d’Enregistrement Universel) publiés en 2023 , donc avant l’entrée en vigueur de la CSRD. Pour autant, nous avons pu constater que tous les groupes du CAC40 publient déjà déjà des engagements chiffrés de baisse des émissions en 2030. Toutefois, un approfondissement est nécessaire pour qualifier le niveau d’engagement, notamment en termes de complétude et de précision.

✅ Notre 1er attendu est que l’engagement porte sur l’ensemble de l’empreinte carbone du groupe, c’est-à-dire sur ses 3 scopes (voir en fin d’article le rappel de la définition des scopes 1, 2 & 3). A ce titre, rappelons que, très souvent, le scope 3 porte l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre :
👉 68% des groupes du CAC40 ont un scope 3 qui représente plus de 75% de leur empreinte carbone.
👉 Et pour la moitié d’entre eux, il atteint même plus de 90% de leur empreinte carbone !
Et seules quelques entreprises dont l’activité propre est très énergivore ont un scope 3 relativement peu contributif : ArcelorMittal ou encore Air France.


Certains groupes limitent leur engagement aux scopes 1&2, sur lesquels l’entreprise a le plus de contrôle. Mais ne s’engager à n’agir que sur quelques % de son empreinte est, à l’évidence, insuffisant.

S’agissant du scope 3 amont, 84% des groupes du CAC40 l’intègrent dans leur engagement. Mais :

  • Selon les secteurs, le scope 3 amont inclut des prestations de natures diverses : Pour le secteur des services, le scope 3 amont inclut généralement des déplacements professionnels ou domicile-travail, ainsi que des actifs immobiliers. Dans cette situation, l’entreprise a d’importants leviers d’action directe sur la réduction de ses émissions.
  • Pour les secteurs de l’Industrie, de la Grande Distribution et du Luxe en revanche, il s’agit très majoritairement de l’empreinte carbone de fournisseurs, plus complexe. Et pour ces 2 derniers secteurs, le scope 3 aval va représenter jusqu’à 90% de l’empreinte totale ! Dans cette situation, les leviers d’action sont moins directs et vont souvent se heurter à des priorités de sourcing basées sur le prix. La fixation d’engagements à ce titre constitue ainsi un point fort, et leur respect un point de vigilance dans la durée.

58% des groupes intègrent bien le scope 3 Aval dans leur objectif, alors qu’il est parmi les plus difficiles à décarboner puisqu’il s’agit de réduire à la source les émissions générées par leurs produits.
Nous reviendrons en détail sur cet aspect dans un prochain article, mais citons à titre d’exemple Air Liquide, Engie, Legrand, Schneider Electric ou encore Vinci qui ont pris ce type d’engagement.

Des objectifs nécessairement en valeur absolue !

Pour toute entreprise, la décarbonation est objectivement une contrainte pour la croissance. De ce fait, souvent, les engagements pris sont en intensité carbone (réduction de l’empreinte carbone par effectif ou produit vendu). Or, une entreprise qui décarbonerait son produit de 30% d’ici 2030 tout en prévoyant une hausse de son activité de 40% se retrouverait… à émettre exactement la même quantité de CO2 qu’aujourd’hui !

On relève cette mécanique peu vertueuse dans quasiment tout le secteur du Transport (Aéronautique, Automobile, Ferroviaire) sauf pour Thales dont il faut souligner l’engagement de réduction de 15% de ses émissions totales en valeur absolue pour 2030. Le secteur du Luxe est dans la même situation, où la culture de l’hyper-croissance du chiffre d’affaires se heurte généralement aux objectifs de réduction : seuls Kering et L’Oréal y échappent.

2050 : le Net Zero Carbon

Conformément aux accords de Paris, c’est le seul engagement valable pour un groupe qui affiche une trajectoire complète de décarbonation. Et assez logiquement, il est massivement pris par ceux du CAC40 (à 82%).

Toutefois, certains ont décidé de se fixer un objectif plus ambitieux en anticipant cet horizon 2050 de quelques années. Ainsi Publicis, Orange et CapGemini visent 2040 pour leur Net Zero Carbon, et Sanofi et ENGIE 2045. Citons enfin Stellantis qui a pour ambition 2038, leur objectif n’étant toutefois pas encore validé SBTI

Dans notre prochain article, nous nous intéresserons plus en détail aux plans d’actions opérationnels soutenant ces engagements : le Savoir Faire.